Le trait de côte, briseur de rêve

Ajouté le : 14 / 11 / 2023

Céline, Ciaran et Domingos… ces doux prénoms sont aussi ceux de trois tempêtes qui ont sévit il y a quelques jours sur la façade Atlantique.  Vents violents et les vagues gigantesques ont une nouvelle fois grignoté le trait de côte. Ainsi, selon l'Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, cette ligne qui départage la mer de la terre recule chaque année en moyenne de 2,5 mètres en Gironde. Ce recul met directement en péril plusieurs milliers de logements dans les prochaines années. Sur la pointe du Cap-Ferret, l'érosion ferait reculer de 4 ou 5 mètres par an la surface de terre exposée à l'air. Sur la presqu’ile, le poste de secours de l'Horizon et le terminus du petit train devront être déplacés. Tout comme le poste de secours du Petit Nice, côté Pyla, au niveau duquel 7 mètres de côte ont été engloutis dans les tempêtes.

Le pronostic pour les années à venir fait froid dans le dos. D’après le Comité national du trait de côte - créé en mars dernier au sein du ministère de la Transition écologique - 50 000 logements pourraient se retrouver les pieds dans l’eau d’ici à la fin du siècle sur la façade Atlantique. Celle-là même qui abrite une très large proportion de résidences secondaires.

Alors, que faire à part laisser la mer remporter la manche ? Utiliser des structures de génie civil (digues, enrochements, brise-lames…) pour résister physiquement à l'érosion et à l'élévation du niveau de la mer ? Recharger des plages en sable toute en créant de zones humides côtières, qui peuvent absorber l'énergie des vagues et prévenir l'érosion ?

Il faudra sans doute se résoudre à perdre la bataille contre la montée et la fureur des eaux. Il faudra aussi redoubler de vigilance lors d’un achat immobilier et parfois réfréner son envie de mer.

Depuis le 1er janvier 2023, les agents immobiliers sont tenus de signaler, dans leurs annonces de vente et de location, les logements situés dans une zone exposée au recul de trait de côte. Pourtant, les prix des maisons en bord de mer se maintiennent à un niveau élevé, malgré les risques de submersion marine et d'érosion côtière. Un rêve n’est-il pas, par essence, éphémère ?